Le Moulin de Mourlasse est l'un des projets phares de l'année 2015 pour l’ensemble du financement participatif français ! Il s’agissait à l’époque du record en termes de montant levé : en effet, ce vieux moulin d'Ariège a collecté la somme d'1 million d'euros pour se transformer en une centrale hydroélectrique, productrice d'une énergie respectueuse de l'environnement et créatrice d'emplois dans le bassin ariégeois !
Cette success story nous montre bien que l’investissement participatif se démocratise dans les projets d’envergure liés aux énergies renouvelables.
La CEM, holding familiale de 80 personnes propriétaire de 15 centrales hydroélectriques et spécialiste en électricité industrielle, automatismes, chaudronnerie, mécanique et maintenance, notamment autour de la production hydroélectrique depuis 1988 a proposé aux Ariégeois d’investir via Tudigo (Bulb in Town à l’époque) dans la construction d'une centrale hydroélectrique de 1MW sur la rivière Salat en Ariège (Midi-Pyrénées) : le Moulin de Mourlasse.
L’objectif du projet consistait à réaménager le barrage de Lacourt en grande partie effondré et à y installer une centrale hydroélectrique afin d’exploiter la ressource en eau pour produire une énergie propre et renouvelable. Plus particulièrement, il s’agissait de prélever un débit de 22,5 m³/s à l’emplacement du barrage, l’amener au moulin et en exploiter l’énergie potentielle par le biais d’une turbine sous une hauteur de chute moyenne de 5 m afin de revendre l’énergie produite à EDF.
Découvrez le témoignage de Martial Estebe, gérant de cette centrale →
Un contrat avec EDF avait été conclu pour les 20 prochaines années et garantissait la revente de 100 % de l'énergie produite au tarif moyen sur 20 ans de 0.091 €/KWh à EDF (soit 6,8 millions d'euros). Les débouchés de l’activité étaient donc assurés.
En effet, le Moulin de Mourlasse a bénéficié d’une importante particularité française : le tarif réglementé d’achat de l’électricité.
Explication : En France, EDF et les entreprises locales de distribution (ELD) ont l’obligation de racheter la production d’électricité d’origine renouvelable à un montant fixé par arrêté tarifaire. Ainsi, un producteur d’énergies renouvelables peut conclure un contrat dit « d’obligation d’achat » avec EDF ou une ELD afin que sa production lui soit rachetée (partiellement ou totalement) au tarif fixé par l’Etat et pendant une durée allant de 12 à 20 ans.
La CEM avait d’ores et déjà une grande expérience dans ce type d’opération, expérience acquise depuis plus de 20 ans.
Lors de la campagne, EDF s’était déjà engagé à acheter l’intégralité de la production d’énergie du moulin, offrant une garantie supplémentaire au projet.
Il n’y avait pas de doute quant à la réalisation du projet car la CEM avait déjà remporté l’appel d’offres.
Le secteur des énergies renouvelables était déjà en croissance constante, la capacité de production du nucléaire étant plafonnée légalement.
"Le montant total du projet s’élève à 3,7 millions d’euros. La banque nous a consenti un prêt de 2,7 millions d’euros à la condition que nous puissions apporter les fonds supplémentaires", expliquait Martial Estebe, président de la CEM.
Afin de réaliser ce levier bancaire et débloquer la dette, l’entreprise a fait appel à Tudigo, n°1 du crowdfunding local, pour une campagne de financement participatif. Le but de l’opération était de créer une holding de gestion et d’émettre des titres en actions auprès d’investisseurs physiques locaux.
1 million d’euros ont été levés en investissement participatif pour constituer les fonds propres du projet : 990 000€ auprès d’investisseurs individuels et 10 000€ par le porteur de projet. Grâce à cette opération, la holding est devenue actionnaire à 100% de la SARL en charge de l’investissement et de l’exploitation de la centrale hydroélectrique. Par ailleurs, le pacte d’actionnaire avait été défini de telle sorte que Martial Estebe "gère la société comme si [il était] le seul associé".
L’opportunité était particulièrment attrayante grâce à deux particularités :
→ Une sortie prévue.
Les investisseurs détiennent 99% de la société (1% pour le développeur) durant une période limitée. Ils revendront leurs parts au bout des sept années prévues dans le pacte d’actionnaires via une réduction de capital, permettant au développeur CEM de récupérer 100% de l’actif au bout de cette période via un refinancement bancaire.
→ Un taux de rentabilité défini.
Il a été prévu dès la rédaction des documents financiers et juridiques un retour sur investissement de 7% annuel (garanti par rachat des parts au bout de 7 ans). Cela correspond à un multiple de revente de (1+7%)^7 = 1,61. Ainsi, pour 1 000€ investis, un investisseur recevra au bout de sept ans 1 610€.
La levée de fonds fut un succès. Non seulement le million d’euros a été levé en seulement 45 jours, mais la plupart des investisseurs était, comme souhaité, des habitants locaux : ariégeois des environs et employés de la société.
Plus précisément, 60% (soit 540 000 €) ont été investis par des investisseurs locaux résidant en Ariège et dans les départements limitrophes (Aude et Haute Garonne).
Dans le cadre de CRE 4, ce projet aurait rempli l’ensemble des conditions pour bénéficier du bonus défini par la Commission de Régulation de l’Energie.
Le taux de rentabilité de 7% par an était particulièrement attrayant comparé aux taux proposés par les livrets bancaires classiques.
Sous réserve qu’aucun incident météorologique ou technique ne survienne, l’approvisionnement, la production et donc la revente sont assurés.
Investir dans le Moulin de Mourlasse constituait l’opportunité de devenir pour chacun, à son échelle, acteur de la transition énergétique.
Cette opportunité était également l’occasion de prendre part à une aventure entrepreneuriale inédite en soutenant des dirigeants passionnés.
"J’aime bien le système du financement participatif. C’est à la fois simple et efficace : des gens se réunissent pour financer un projet qui n’aurait pas pu voir le jour sans ces personnes. Le Moulin de Mourlasse était une opportunité particulièrement intéressante pour trois raisons :
• D’abord parce que le retour sur investissement est presque garanti. En effet, la production d’électricité est rachetée par EDF pour les 20 prochaines années à un tarif défini à l’avance. Autrement dit, les débouchés pour cette centrale sont assurés et donc son chiffre d’affaires aussi. C’est typiquement le genre de placement dont le risque est vraiment limité.
• Ensuite, la production d’énergie se faisant grâce à la force de l’eau, on sait que notre argent va financer la production d’une énergie durable et respectueuse de l’environnement.
• Enfin, la campagne de financement participatif permettait au groupe de débloquer des fonds bancaires qui auraient été difficiles à obtenir autrement. La campagne a donc eu un super effet levier.
Il n’y avait donc pas de raison de ne pas investir !"
Plusieurs mois de travaux et plusieurs défis s’en sont suivi pour donner vie au projet : détruire le moulin obsolète, déboiser la grande parcelle, terrasser, creuser des dizaines de mètres sous terre, couler pas moins de 1500 m3 de béton, déposer plus de 200 tonnes d'acier,... et détourner l'eau d'un côté puis de l'autre pour créer le canal de 260 mètres de long.
Une expérience autant technique qu'humaine d’après Jacques Balzer, l'ingénieur en génie civil en charge des travaux du Moulin : "En quarante ans de carrière, c'est sûrement l'ouvrage d'art le plus impressionnant auquel j'ai contribué. On fait des choses extraordinaires et c'est grâce à la collaboration humaine."
Grâce au savoir-faire des 17 entreprises locales qui ont travaillé sur le projet, le Moulin de Mourlasse a ouvert ses portes en novembre 2016, en présence des investisseurs et a démarré la production d’énergie dès le mois de décembre 2016.
Un chiffre ? 256 783 kWh, c’est la production d'énergie verte inscrite sur la première facture émise par la centrale en mars 2017.
L'énergie hydroélectrique est une énergie électrique renouvelable qui est issue de l’énergie potentielle des flux d’eau qu’elle exploite. L’énergie cinétique du courant d’eau est transformée en énergie mécanique par une turbine, puis en énergie électrique par un alternateur.
L’énergie hydroélectrique est la deuxième source de production d’électricité en France et possède de nombreux atouts : c'est une énergie renouvelable, d'un faible coût d'exploitation et qui est responsable d'une faible émission de gaz à effet de serre.
Néanmoins, l’implantation de grandes retenues d’eau peut dans certains cas générer des impacts négatifs sur l’environnement….
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